Marcel Laure

Marcel LAURE

 

  • Ecrivain et poète farlédois

Marcel LAURE est un poète et érudit né le 19 Février 1896 à La Farlède.

Poète, il est l'auteur de pièces descriptives modestement appelées par lui-même, "essais de poésie géographiques".

Une de ces pièces intitulée Soir au Super-Lavandou remporta le Prix Jean Aycard en 1942 avec la Première Mention.

 

SOIR AU SUPER-LAVANDOU, prix Jean Aycard 1942

Viens. Rien ne trouble en haut le calme de la lande

Où les cistes fauchés font de poisseux andains.

Allons vers le maquis parsemé de lavande

Et vers les rocs épars dans les arbustes nains,

Rocs luisants de mica, pareils aux écueils roux.

Par des chemins ombreux, laissons là le village

Et gagnons les hauteurs du Super Lavandou

D'où se découvre un vaste horizon de rivages.

Une piste en palier coupe tout le plateau,

Large sentier sableux où ne passe personne,

Si ce n'est par hasard le pâtre et son troupeau

Précédés du bélier dont la clarine sonne —

Dans l'air vivifiant de la mer et des monts.

Là-bas, les îles d'or, les antiques Stoechades,

Levant, Port-Cros, Bagaud, bornent nos horizons.

Par vent d'Est, du Titan d'étranges cavalcades

De flots obéissant au trident de Neptune,

La crinière ondulante, accourent au galop,

Et se roulent vaincus au sable de la dune,

Aux rochers de Gouron, aux récifs, aux îlots.

Mais ce soir tout est calme et le miroir changeant

De la mer étalée de la baie jusqu'au large,

Prend des tons de saphir, d'émeraude et d'argent.

Il ne fait pas de' vent. Un paysan, en marge

Des vignes labourées, met le feu sous des herbes,

Sous les sarments en sève, et des tourbillons noirs

S'élèvent des foyers aux fulgurantes gerbes.

Des champs de giroflées, au bucolique soir,

S'exhalent dans l'air frais les subtiles odeurs.

Restons encor... veux-tu ? L'Occident s'illumine,

Jetant l'adieu du soir aux amandiers en fleurs,

Aux jardins d'anthémis sur le flanc des collines.

 

Parmi ses œuvres les plus fameuses, citons : Soir au Super Lavandou, Crépuscule à la Renarde, Japon, Matin au Rousset, Les Violette. Au Jardin maraîcher, La noria, le Pin parasol, etc.

 

La Noria

Clan! Clin!

César, entends ce soir, comme autrefois

de cette noria d'étranges mélopées.

La brise emporte la musique;

Vers les vergers er vers les bois.

Du cliquet de métal aux couronnes dentées

 

Revois-tu le grand puits, l'énorme chapelet

Des réservoirs percés laissant les eaux limpides

Des fraîches profondeurs, de godet en godet,

S'échapper en giclant sur les parois humides ?

 

Le cheval alezan, dans sa marche sans fin,

Tournait en rond, l'œil clos sous de larges œillères

Et l'onde souterraine emplissait le bassin

Où voletaient sans bruit de frêles éphémères.

Clan! Clin! Clan! Clin!

 

L'éternel refrain du cliquet

Accompagnait joyeux le glouglou des eaux vives.

Tu tirais sur la vanne et dans un bassinet

L'eau jaillissait pour s'en aller entre les rives

 

D'un clair ruisseau baigner le pied du grand coudrier

Qui, l'été finissant, ployait sous ses noisettes.

Cheveux au vent, bras nus, debout dans le sentier,

Sur tes jarrets tendus, au champ de violettes

Tu régnais sur les eaux, fier comme le Dieu Pan!

 

Ta bêche était ton spectre et sa lame luisante

mordait la bonne terre et dans le flot courant

En un mouvement vif la tournait ruisselante.

 

Vénus déjà pointait par-dessus l'horizon,

toujours ton alezan tournait sur le manège.

Clan! Clin! la noria poursuivait sa chanson

Egrenant dans le soir deux croches du solfège.

 

Marcel LAURE, La Farlède, 1941

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Marcel LAURE est aussi un écrivain érudit, et nous devons à sa plume une monographie "Des Iles d'Or aux Gorges du Verdon", publiée aux Presses Universitaires de France en 1927, un guide du Lavandou, de Bormes-les-Mimosas, préfacé par Théo Varlet, des Iles d'Hyères, et une étude sur "sa petite patrie" La Farlède, qui servit en partie à l'"Histoire de La Farlède", compilée par Roger GENSOLLEN.

En effet, Roger GENSOLLEN, à la demande du maire de La Farlède Roger MISTRAL (1937-1975) se fit confier la tâche d'assurer la publication de documents sur l'histoire de La Farlède; écoutons Roger GENSOLLEN : "Monsieur MISTRAL, maire de La Farlède et enfant du pays a pleinement conscience de sa mission qui n'est pas purement administrative. Soucieux de faire mieux connaître et mieux aimer notre village et sachant que je possédais quelques documents à ce sujet, il est venu récemment me demander d'en assurer la publication. Ces documents que l'on verra par la suite et qui pourront constituer un modeste essai d'histoire de La Farlède, nous les devons aux autres travaux de deux autres enfants du pays: ceux de feu mon père GENSOLLEN Marius, […]; et ceux de LAURE Marcel, […].

Or, en 1942, Marcel Laure travaille sur une histoire de La Farlède annoncée comme "en cours de publication" dans le Var Historique et Géographique. Ainsi, comme le souligne Monsieur Roger GENSOLLEN, les travaux de Marius GENSOLLEN ainsi que ceux de son ami Marcel LAURE constituent une partie de la matière de l'"Histoire de la Farlède".

 

Le Pin parasol

Seuls, d'augustes vieillards pourraient nous dire l'âge

De ce fier parasol plus haut que le clocher

Où ce matin d'Avril, les moineaux vont nicher.

-Depuis quand ce géant orne-t-il le village ?

 

Cent dix ans, dit l'un d'eux, qu'il étend son feuillage,

A sa place autrefois était un frais verger,

Et quand j'étais entant, à son ombre un berger

Rassemblait ses moutons transhumant vers l'alpage.

 

Au "Gotha" des grands fûts régnant sur la forêt.

Ce pin est suzerain de l'if et du cyprès,

Son dôme est large ouvert en signe de noblesse.

 

Chantez sa Majesté, petits pierrots en liesse,

Et ses odeurs d'encens s'exhalant des toisons

Qui feutrent tous nos pas d'aiguilles à foison.

 

Marcel LAURE, La Farlède, 1939

 

Sorti de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Draguignan en 1912, Marcel Laure sera à l'issue de la Grande Guerre (1914-1918) décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire. Instituteur, il enseignera tour à tour à Lagarde-Freinet, à Besse-sur-Issole, au Lavandou puis, à partir de 1939 à l'Ecole Dutasta à Toulon. Plus tard, professeur de collège d'enseignement général (CEG) notamment au collège Rouvière (aujourd'hui lycée), il sera fait officier des Palmes Académiques.

D'une grande activité avec un égal talent dans des domaines très variés, Marcel Laure ne fut pas seulement un poète "d'une grande sensibilité", il fut aussi dialoguiste à Radio Toulon, nouvelliste, vice-président des "Amis des villages varois"…

Marcel LAURE est mort à Toulon le 13 Décembre 1988.

 

Le poème qui suit fut préfacé par Jules ROMAIN dans l'Anthologie des Poètes instituteurs parue en 1949 sous la direction de Robert de Bédarieux (éditions Pierre de Ronsard) :

 

Les Violettes

Les abris de bruyère et le souple roseau

Protègent du mistral le champ de violettes.

Emergeant du flot vert, les modestes fleurettes

Lèvent leurs boutons bleus parés de perles d'eau.

 

Derrière les abris et le large rideau

Mouvant de nos canniers, les nappes violettes

Encensent le jardin de mille cassolettes

Fêtant en plein hiver, l'éternel renouveau.

 

La fillette a plongé ses doigts de fée agiles

Et détaché du pied les corolles graciles

Ecloses ce matin au soleil de janvier.

 

Elle festonne encor tout autour des pétales

Des cornets feuilletés serrés par des spirales

Qu'elle couche avec soin dans leur berceau d'osier.

 

Service Patrimoine - Ville de La Farlède

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